Canada, le début de la liberté en camping-car

Le 14 juillet est le grand jour. C’est fête pour nous. Nous récupérons Dédé.
Nous avons rendez-vous avec le transitaire pour récupérer le document nécessaire à faire sortir Dédé du port. Pascal se rend aux bureaux des douanes d'Halifax. Il part avec trois autres familles avec lesquelles nous avons communiqué grâce au groupe « des familles autour du monde » et qui doivent aussi récupérer leur véhicule. Il répond n’avoir qu’une seule bouteille d’alcool 😊, pas de drogue ni d’arme. Un Uber partagé l’emmène au port. Dédé l’attend. Le tout prend trois heures et c’est tout guillerets que nous parcourons nos premières routes canadiennes : enfin libres !


Les habitudes sont reprises : gaz, eau et courses. On est enfin chez nous dans notre maison. La première chose que nous faisons c’est accrocher les porte-bonheurs que nos amis voyageurs nous ont offerts avant de partir : un nazar boncuk de la part de Jacky, un cœur en bois et une boule tour du monde de Nath et Jean et un magnet « Place aux rêves » de Gaétane et Stéphane. Au cours des premiers jours, nous trouvons un peu partout des petits mots cachés, de nos enfants disant qu’ils pensent à nous.


Notre premier arrêt est dans le petit village de pêcheurs de Peddy Coves. Son phare est emblématique de la Nouvelle-Ecosse.  Même si nous pouvions dormir sur le parking, nous choisissons de nous esseuler près d’un lac. 


Après avoir déambulé dans les rues de Lunenbug classée au patrimoine mondial de l’Unesco, le deuxième bivouac sera fabuleux, à Portapique Beach.


Nous parcourons la Nouvelle-Ecosse et visitons le New Brunswick plus au nord. Au niveau de la baie de Fundy se trouvent les marées les plus hautes du monde qui peuvent monter de quatre mètres par heure et atteindre jusqu’à quatorze mètres de hauteur. Encore un nouveau « le plus haut du monde » que nous aurons vu. Dans cette baie, le site Hopewell Rock est un ensemble de rochers et de falaises sculptés par l’érosion, les marées, la neige, la glace et le vent ce qui donne des structures particulières. Une partie du site est appelée pots de fleurs : effectivement on voit le rocher qui s’élève vers le ciel et au-dessus des plantes et arbres. Pourtant de là à voir des pots de fleurs, ce n’est pas évidement. D’autres parlent de petites têtes chevelues. Il y a un autre rocher appelé le diamant, un autre l’arche des amoureux. Ils ont tous un nom sympathique. L’intérêt de ce site est de le voir à marée basse et à marée haute. L’eau ici n’est pas limpide ni turquoise mais couleur chocolat. Cette couleur est due au mouvement des cent soixante milliards de tonnes d’eau qui se mélangent avec le limon des vasières.

On enchaine les randonnées dans les parcs : parc national Fundy, puis parc national Kouchibouguac, réserve faunique de Matane dans la région du Québec. On fait la connaissance avec les maringouins, les moustiques du Canada. Nous apprenons à reconnaitre le cri de l’écureuil, à prendre le poncho pour le temps qui change dans l’heure et à nous refamiliariser avec les pistes. On fait de belles rencontres humaines comme avec Andy sur un bivouac près du parc Fundy et avec Suzie dans la réserve faunique de Matane. Nous ne voyons pas d’ours mais un orignal. L’orignal est le plus grand cervidé au monde.

Un des passages obligés est Shédiac, la capitale du homard. Nous prenons la traditionnelle photo du bon touriste, celle de la sculpture du homard qui mesure onze mètres de long par cinq de large, cinq mètres de haut et qui pèse 90 tonnes. Mais surtout, nous repartons avec deux homards (15€ chacun) que nous planifions de manger le soir même. 
Pascal en a décidé autrement pour le homard. Lors de la randonnée dans le parc national de Kouchibouguac, il pousse sa chère conjointe qui n’avance pas assez vite à vélo. Normal, elle a bien son vélo électrique mais sa batterie n’est pas chargée alors que la sienne est pleine. Pascale pédale pourtant fort 15, 20 km/h mais il faut aller plus vite pour l’apéro du soir et nos vélos se touchent. Il finit par terre et s’ouvre la main droite. Handicapé, il doit laisser à contre cœur le volant à sa femme. Ça ne durera pas. Direction l’hôpital de Miramichi pour trois points de suture à la main droite. On en sortira vers 22h, et le temps de trouver un bivouac, ça sera trop tard pour les homards.
La journée suivante, nous avons enfin le temps de nous occuper de nos homards. Pascal n'ayant pas le droit de se servir de sa main, c'est sa petite femme qui lui prépare la bestiole. Par contre, il arrive très bien à le manger avec la mayonnaise et à boire ses verres de vin blanc tout seul. Quel bonheur !
Pascale se régale au Québec. Les habitants parlent français. Parfois, il est difficile de les comprendre même si on sait qu’en fait c’est nous qui avons un accent pour eux. Pour nous accueillir même dans un magasin c’est « bonjour, comment ça va » et lorsque nous quittons l’endroit « merci ça m’a fait plaisir ». Même quand sur un chemin, un randonneur nous laisser passer et que nous disons « merci », il ne répond pas « de rien » mais « ça m’a fait plaisir ». Il faudra pourtant qu’elle finisse par passer à l’anglais d’ici peu. Aïe !
A Caraquet, nous visitons la reconstitution d’un village historique acadien pour une période entre 1770 et 1949. On adore car c’est bien fait, sans artifice. Nous passons parfois 15-20 min dans une maison en discutant avec les personnages acadiens en habits d’époque qui nous expliquent la vie jadis. Il y a une quarantaine d’habitations, hôtels, école, chapelle, fabriques … Nous avions prévu d’y passer un après-midi. Comme le billet est valable deux jours, nous y retournons finalement le lendemain. 
Nous nous arrêtons fréquemment pour photographier quelques maisons typiques acadiennes au couleur bleu blanc rouge et le phare de Grande Anse qui un des emblèmes touristiques de l’Acadie. 

Nous voici à présent en Gaspésie qui fait partie de la province du Québec. Les chutes de Pabineau au cœur de la réserve indienne sont très photogéniques et nous offre un beau bivouac.


Le rocher Percé est pas mal aussi. Mais nous évitons l’Ile de Bonaventure où se niche une colonie de Fous de Bassan pour ne pas plomber notre budget. Nous regrettons que le soleil ne soit pas toujours présent pour la beauté des paysages.



Le Parc National nous permet de faire encore deux belles randonnées de huit kilomètres chacune. La chance n'est pas avec nous, nous ne rencontrerons pas d’ours brun comme il en est coutume dans ce parc. Nous empruntons cependant l’extrémité du Sentier International des Appalaches et nous le croiserons à plusieurs reprises en Gaspésie lors de nos balades.

Le 22 juillet, nous nous plongeons dans la culture Micmac ou Mi’gmaq au centre d’interprétation Micmac ou Mi’gmaq à Gaspé. Les Micmacs font partie des onze premières nations du Canada, tout comme les Hurons, les Iroquois, les Cris, les Inuits…

En plus de la coupure de Pascal, il y a l’hospitalisation du père de Pascal, le décès de la grand-mère de Pascale, des infiltrations d’eau et problèmes de batterie qui empêchent de savourer ce début de voyage à fond.

Quelques photos du Canyon de l'enfer : belle promenade de plus de 14000 pas dont 3000 marches. 


Nous continuons la visite des parcs avec celui du Bic, peut-être un des nos préférés. Il est certes plus petit que les autres, mais nous avons adoré la randonnée le long de l’eau, à marée basse, avec des couleurs matinales superbes. Quelques phoques vautrés sur des rochers nous ont occupés.


Dans la réserve de Matane, nous avions fait la connaissance de Suzie, une garde mais aussi infirmière. Elle s’était occupée de la main de Pascal, lui refaisant son pansement et nous avait donné avec gentillesse  de la viande d’orignal pour que nous y goûtions : "ça m'a fait plaisir!" . Cette fois, nous rencontrons un couple de français au Bic. Ils sont en vacances avec un camping-car, nous échangeons quelques temps. Il s’avère qu’il est dentiste et elle infirmière. Ni une, ni deux, le voila en train de retirer les points de la main de Pascal. C’est vite fait, bien fait et surtout très propre.
15 jours sont passés depuis qu’on est en camping-car et on a déjà l’impression que cela fait une éternité. Nos journées sont bien remplies entre les visites, balades mais aussi laverie, administratif français, courses, bricolage, préparation de la suite du voyage… Les enfants sont toujours aussi présents et nous arrivons régulièrement à faire des visios tous les 5.
Le 29 juillet, nous devons prendre le traversier pour nous retrouver sur l’autre rive du Saint Laurent.