Le Colorado

Lors d’un bivouac en pleine nature, le ciel présente une grande ligne de satellites en file indienne. C’est impressionnant ! En regardant sur internet, on trouve qu’il s’agit des satellites Starlink lancés récemment par Elon Musk, le milliardaire patron de Tesla, SpaceX, Twitter, …
L’étape suivante nous amène à Estes Park, la ville la plus proche du Parc National des Rocheuses.
La première chose qu’on constate dans cette ville qui est au cœur du parc, c’est que les animaux en ont fait leur domaine : il n’est pas rare de voir les cerfs et biches traverser la ville, broutant dans les parcs et jardins.
Le temps est un facteur dont il faut tenir compte dans cette région car même si le ciel est beau le matin, les orages arrivent dans l’après-midi. Nous enchainons deux randonnées deux jours de suite, en partant à chaque fois de bonne heure le matin. D’abord la Sandbeach Lake puis la Flattop Mountain, toutes les deux faisant environ 15kms. La deuxième nous mène au pied du glacier Tyndall à 3800m d’attitude. Nous adorons ce parc.
En fin d’après-midi, nous prenons la route de notre camping. Ce n’est pas notre habitude, mais dans ce secteur, les bivouacs sont quasiment introuvables. Et puis 14$, à déposer dans une urne, pour dormir dans une forêt nationale, on ne se ruine pas. Et le site est plutôt pas mal. Dédé nous lâche dans une côte : voyant rouge allumé de surchauffe du moteur, plus de liquide de refroidissement. On s’arrête sur le bord de la route. Pour le remorquage, il ne faut pas être pressé. On appelle l’assistance. Ils veulent bien mandater un remorquage, mais comme il est tard et que les garages du coin sont tous fermés, on décide d’attendre le jour suivant. On relance donc le lendemain l’assistance à 8h00 mais ce n’est qu’à 17h45 que se pointe le camion. Celui-ci nous dépose à son garage, en ville. Il s’agit de Mohamed, d’origine marocaine, qui parle donc français : ça devrait faciliter nos échanges, surtout pour la partie technique. Comme pour la première fois, c’est vendredi et donc il faut attendre jusqu’au lundi pour avoir le diagnostic. 
En revanche, l’environnement des Rocheuses est tout autre par rapport à l’endroit de notre dernière panne et cela nous permet d’avoir des activités. Nous enchainons les balades à vélo, 57 kms le samedi et 74 le dimanche. Cette randonnée nous permet d’atteindre 3713m, soit le plus haut point des Rocheuses accessible en voiture. 
Le lundi, le mécanicien indique après avoir mis le système sous pression qu’il y a une fuite. On s’en doutait. Le mardi à 17h, Mohamed arrive et confirme comme nous l’avait dit notre garagiste de Vitrolles que le circuit de refroidissement de la vanne EGR était ouvert, d’où la fuite. Le mercredi c’est férié.
A part ça, on randonne, encore et encore. On patiente encore et encore.

Le jeudi, le mécano court-circuite le système de refroidissement mais il faut attendre encore l’arrivée du patron à 14h00 pour vérification. Ouf à 15h30 on est reparti. Cette panne a encore mis notre patience à rude épreuve. Nous en avons profité pour aller à Estes Park à la laverie où comme le montre la photo, il faut prendre son revolver pour aller faire sa lessive.

Nous sommes impatients de rouler et passons Denver sans nous arrêter. A notre stop du soir à Palmer Lake, on entend appeler « bonsoir ». Ah des français ! Dans les Rocheuses nous n’avons pas entendu un mot de français, à croire que les français n’y vont pas. En fait, c’est Philippe qui s’étonne de voir Dédé ici. Il l’avait vu chez l’accessoiriste TPL des Pennes Mirabeau et pensait qu’il était à vendre. Lui et sa petite famille sont aussi des Bouches du Rhône, de Saint Martin de Crau. Nous passons la soirée avec eux, mais aussi avec et Julien et Tiphanie que nous avions rencontrés à Halifax en récupérant le camping-car.
Le vendredi 2 septembre, nous visitons US Air Force Academy, à Colorado Spring, visite guidée avec un retraité de presque 80 ans, qui a été gradé de l’école en 1964. Il nous explique le dérouler de cette formation pour devenir officier de l’US Air Force, où physique et mental sont requis. 

Nous retrouvons avec plaisir nos deux familles sur le site du Jardin des Dieux, the Garden of Gods, petit lieu de formations rocheuses rouges nous donnant un avant-goût des grands parcs.
Ce même jour, un dieu veille sur nous, enfin. Au moment de payer les courses, les deux cartes de Pascal ne fonctionnent pas, ni à la caisse, ni au distributeur du supermarché. Pascale court chercher les siennes bien cachées dans Dédé. Elle revient en courant. On essaie à nouveau au distributeur et elle ne fonctionne pas non plus. On retente notre chance à la caisse où le caddy nous attend. La caissière la réessaie sans succès. On s’apprête à laisser notre caddy de 85$ sur place, car on monopolise la caisse et un homme avec un petit caddy semble s’agacer. Il dit à la fille, qu’il paie, donne un billet. On pense qu’il règle ses achats. La fille lui rend la monnaie et nous donne le ticket. Nous nous regardons, on ne comprend pas. Pascal lui demande pourquoi ce geste. On lui dit qu’on va le rembourser. Non, non, incroyable, il ne veut rien d’autre qu’une poignée de mains. Même pas une bière au camping-car. Pascale court encore, cette fois-ci pour le rattraper et lui remettre un savon en forme de cigale de chez nous. A priori, il n’est pas connu au supermarché de cette bourgade. Même la jeune caissière a été surprise. Toute la soirée, on s’est demandé si on n’avait pas rêvé. Pour info, les cartes fonctionnaient dans le magasin d’à côté. Merci à toi l’américain.

Le lendemain, une grande randonnée nous attendait au Parc National Great Sand Dunes. Partis aux aurores, à 6h30 sous un vent monstrueux, nous grimpons pour nous mettre en jambes la High Dune. C’est la première dune accessible depuis le parking. Pascale est partie avec son bonnet et ses gants en plus du coupe-vent mais au fur et à mesure, de la journée, elle se retrouve en short et tee-shirt. Nous continuons dune après dune. On optimise le trajet, privilégiant au maximum les crêtes. C’est magique, il n’y a que nous. On grimpe, on descend, on remonte. Cela n’en finit pas. Le but est la Star Dune, la plus haute dune du parc. Pascal doute y arriver. Il fait de plus en plus chaud. Nos jambes se fatiguent, parfois on se retrouve devant un mur de sable qu’il faut escalader. On ne peut même aller pas droit, il faut faire des virages comme au ski. A la dernière dune, Pascal s’élance et puis au 3/4, il abandonne. Avec la pente et le sable, quand il avance d’un pas, il recule de deux. Pascale l’abandonne pour terminer seule. Son cardio en prend un coup. Elle essaie même de grimper au sommet à quatre pattes mais ce n’est pas possible. A un moment, elle se dit qu’elle va lâcher. Non, pas elle ! Elle tient bon, et la voici victorieuse en haut de la plus haute dune d’Amérique du Nord.  On rentre un peu fatigués de cette balade de six heures et 12,5 kms.


Puis, nous nous dirigeons vers le Parc National de Black Canyon of Gunnison : la route est splendide et le Canyon tout aussi. Encore des paysages différents. Décidemment, le Colorado a de multiples facettes.