Guatemala

Nous passons la frontière du Guatemala avec facilité. C’est rustique. On peut parfois payer en visa, parfois en cash selon les bureaux. Il faut aller payer l’importation temporaire de Dédé, le TIP, en ligne avec un petit gars dans sa cahute qui n'appartient pas aux douanes. C’est lui aussi qui fait la photocopie du visa de l’entrée du Guatemala.

Notre première destination est le site archéologique de Tikal. Nous nous installons sur le terrain servant de camping et cela nous permet déjà de voir les petites bestioles locales : coatis et agoutis.
Ce site restera le préféré de Pascal car il est situé dans la jungle et il est très vaste. L’ambiance est calme si ce n’est le cri des oiseaux et des singes araignées ou hurleurs que nous voyons encore une fois de près.

Florès, un peu plus à l’ouest, est une ville située sur une presqu’île du lac Petén Itza. Les couleurs des maisons sont chatoyantes. Certaines ruelles donnent ou longent le lac, la vue est jolie.

Pour le 31 décembre, nous avons décidé de laisser Dédé dans une endroit sécurisé et de partir quelques jours à Livingston. Livingston n’est accessible qu’en bateau, soit par la mer, soit par le Rio Dulce. Nous choisissons l’option en prenant la rivière. Ce sont deux heures de bateau collectif, la lancha, qu’il nous faut pour atteindre Livingston. Cela nous permet de découvrir la vie des gens le long du rio et le paysage est agréable. 

Livingston a un côté ambiance des caraïbes et on entend du reggae dans la plupart des bars.  On côtoie une nouvelle communauté ethnique, les garifunas. Originaires d'Afrique de l'Ouest, ils sont arrivés sur l'île de Saint-Vincent dans les Caraïbes dans le cadre de la traite des esclaves. Au fil du temps, ils ont cherché de meilleures opportunités dans des pays d'Amérique centrale, comme le Guatemala. Ils parlent le garifuna, qui est un genre de créole, avec des mots français, anglais, espagnols. 
Pascale se régale à voir des scènes de vie : des femmes en train de laver leur linge au lavoir. Elle admire de petites filles très jeunes qui nettoient aussi leur linge. Un homme âgé dort dans son hamac. Des enfants se baignent dans la mer. Un local est assis sur un siège et vide des poissons. Tout autour des oiseaux ressemblant à des aigrettes attendent les restes. La lumière est incroyable. Evidemment, l’appareil photo est sorti. Il faut quand même dire que les photos ne montrent pas l'extrême saleté des plages.

Nous avions prévu de passer deux nuits à Livingston. Le cadre de notre hébergement, la Casa Rosada, est joli. Il est bien placé sur le rio, avec ponton et hamacs. Mais notre chambre est coincée entre la cuisine, les WC et douches, les espaces communs. Autant dire qu’il y a un peu de bruit le soir et tôt le matin. De plus, les cloisons sont faites de moustiquaires ce qui fait que l’intimité est très limite.
Nous bougeons donc pour trouver un petit coin isolé sur le Rio, à la Casa Maya qui tenue par une famille adorable. Pour ce 31 décembre, Marta nous cuisine le tapado, le plat traditionnel de la région. Pour faire simple, disons que c’est la bouillabaisse locale : une soupe de poisson avec un poisson entier, des crevettes voire un crabe et de la banane plantain. En guise de dessert, ce sera une assiette de fruits. Ce n’est pas vraiment la fête car il n’y a même pas de cocktail, juste des bières mais nous adorons cet endroit perdu. Il y a quatre bungalows, deux autres couples et rien d’autre. 

Nous profitons d'un petit tour en lancha pour nous enfoncer un peu plus dans le rio, et aller jusqu'à une cascade et nous y baigner.

Nous partons à présent à la découverte du Quetzal. Cet oiseau est l’emblème du Guatemala. Il est aussi appelé l’oiseau aux cinq mille couleurs. La monnaie du pays porte son nom. Il figure sur le drapeau national et est sur les billets de banque. Alors, on tente d’aller le voir, grâce à un guide, à El Ranchito del Quetzal. L’oiseau aime les températures fraîches et humides, dans les dix-huit degrés. Il est farouche, et se nourrit des fruits d’un arbre bien particulier. Pas évident pour des non-initiés de le trouver par nous-même. En plus, il est vert avec un peu de blanc, de rouge mais dans les arbres aux feuilles vertes, impossible à distinguer. Le mâle possède une longue queue et les plumes servaient pour les tenues d’apparat des rois. Cet oiseau est en voie de disparition aujourd'hui à cause de la déforestation et du réchauffement climatique.
Grace à notre guide, nous en verrons trois, une femelle et deux mâles. Mais de là à faire de belles photos, c’est autre chose. Au moins, on l’aura vu.

Nous nous remettons en jambes avec le volcan Pacaya, toujours actif mais juste avec quelques fumerolles. De là-haut, nous avons une superbe vue sur les trois volcans voisins : l’Agua, l’Acatenango et le Fuego. Ce dernier nous octroie quelques explosions de pierres et cendres. C’est impressionnant.

L’ascension de l’Acatenango a été plus difficile, surtout que nous avons enchainé dans la même journée avec celle du volcan Fuego. Et encore, c’est que la marche pour El Fuego a été faite de nuit car avant, on était dans les nuages et nous n’avions aucune visibilité. Le pire, c’est qu’arrivés sur le Fuego, on replonge dans les nuages et la tempête. Heureusement, à 3h00, alors que nous dormions, et à deux autres reprises, on a eu le spectacle. Nous n’avons pas les mots pour décrire les éruptions du Fuego : magique, extraordinaire, la plus belle chose que nous ayons vue. Quand le Fuego crache, le son est assourdissant, pire qu’un orage, la terre tremblait jusqu’à nous qui étions à 500m en face, sur le volcan Acatenango. On ouvre nos grands yeux devant la lave qui jaillit et coule ou les pierres qui volent. On prend les photos, vidéos. Merci à notre famille et à nos enfants de nous avoir offert cette randonnée à Noël.

La ville d’Antigua nous a séduits et surtout son marché local où les indigènes viennent vendre leur production de fruits et de légumes. 

Le Guatemala est célèbre pour son chocolat : on visite le musée sur la place, on goûte au thé au chocolat et on achète du chocolat excellentissime. 

Le Guatemala est célèbre pour son café : on se rend à une plantation. Mais le café est aussi cher qu’en France. 

Le Guatemala est célèbre pour ses noix de macadamia. La guide d’une plantation nous passionne et nous repartons en sachant tout de la culture et de la production des noix de macadamia et de ses divers produits.

Nous nous sommes posés trois jours au petit camping un peu bondé du lac Atitlan, après une descente vertigineuse pour Dédé. Il a fallu que Pascal s’arrête à deux reprises car les freins chauffaient beaucoup et cela commençait à sentir. La visite de quatre villages permet de conclure que celui de San Juan La Laguna est le plus joli et le plus accueillant. On y découvre les habits traditionnels des indiens de la région, les Tzutuhils. Nous avons pu avoir de véritables échanges avec eux. Nous pensions y rester une ou deux heures et finalement, ce fut la journée entière. Un tel coup de cœur que nous en avions oublié l’heure et que nous avons dû courir pour attraper le dernier bateau pour revenir à notre camping de San Marcos. 

A Santiago Atitlan, toujours sur le lac, nous voyons pour la première fois les hommes guatémaltèques, habillés de façon traditionnelle. Ils portent un chapeau, une belle chemise, un pantacourt avec un foulard à la ceinture. Ce sont surtout les personnes plus âgées qui s’habillent ainsi. 

Toujours à Santiago, nous avons recherché la maison de Maximon, un personnage local idolâtré par les indiens. Il le change de maison régulièrement et c’est un mystère pour les étrangers de savoir où sa statue est exposée. Il a une cigarette à la bouche, une bouteille d’alcool près de lui et des offrandes lui sont déposées. A ses pieds des bougies brûlent. Nous sentons bien qu’il s’agit d’un personnage mythique mais de nos jours, nous avons un peu l’impression qu’il s’agit aussi d’un commerce lucratif car la maison ne désemplit pas de touristes.

Nous voici donc à Chichicastenango, la ville où se déroule le marché indien le plus important du Guatemala. On se régale des étals, des gens, de leurs tenues. 

Sur une colline de la ville, au lieu appelé Pascual Abaj ou pierre du sacrifice en maya, nous assistons à deux cérémonies mayas à l’occasion de la nouvelle année. C’est le guide spirituel maya qui effectue la cérémonie. Il peut être seul, en compagnie d’autres personnes qui peuvent être des membres de sa famille ou non. Il peut aussi pratiquer pour des personnes à distance, merci Internet ! Il demande aux dieux, aux ancêtres, d’exaucer ses vœux ou celui des autres personnes, les remercie et leur remet des offrandes. 

Le lendemain, nous assisterons à d’autres cérémonies au niveau du cimetière. Le guide effectue une longue préparation sur la pierre sacrée. Il y dépose toutes ses offrandes, des bougies de différentes couleurs, des douceurs (bonbon, chocolat, miel, pain), des œufs, des pétales de fleurs, des épines de pin…. Chaque préparation est différente et personnelle. Puis le guide allume le feu et le tout s’embrase. Il active les flammes avec de l’alcool. Pendant des dizaines de minutes, voir des heures, il psalmodie. On a vu aussi ajouter de la bière, non sans qu’un guide spirituel en ait bu quelques petites gorgées avant. Et ce qui nous a coupé le souffle, le sacrifice d’une poule en direct. Nous étions à un mètre du feu cérémonial. Merci Andrés de nous avoir accueillis et permis de prendre les photos.

Nous voulions faire une ou deux autres randos, celle du volcan Chicabal entre autres, mais le temps est gris et pluvieux. Nous prenons donc la direction de la frontière pour le Mexique, au Chiapas. Le Guatemala n’est pas grand, nous y serons restés dix-huit jours. Mais, il restera un pays coup de cœur et encore pas trop défiguré par le tourisme. Pour combien de temps ?