Jamaïque
Nous ne voulions pas rentrer tout de suite en France après avoir laissé le camping-car au port d’Halifax. Envie de chaleur, de mer et de sable, alors direction les Caraïbes et plus précisément la Jamaïque. L’avion nous dépose tout à l’ouest de la Jamaïque à Montego Bay.
L’arrivée est tendue. A la douane nous nous apercevons que les fruits, les légumes, la viande, les laitages, les armes, la drogue…sont interdits. Nous avons deux pommes, des citrons, une tomate, douze œufs durs, du lard, deux saucisses, des ravioles, des pommes de terre à l’eau et un morceau de poulet, du pain, du gruyère, des toastinettes et de la mayonnaise. On ne s’était pas bien débrouillés pour tout manger avant de laisser Dédé et on n’allait quand même pas gâcher tout ça. Il y a deux lignes à l’arrivée : rien à déclarer et à déclarer. Pascal voit qu’il y a un scanner à la sortie de la salle. On passe donc par la case des personnes qui ont des choses à déclarer et miracle tout passe, aucun contrôle quand on dit qu’on n’a que quelques restes de nourriture. On a de quoi tenir deux jours mais bon, ça passe.
L’autre étape est plus douloureuse : on a pris la voiture de location avec Air Canada et toutes les assurances de nos cartes bancaires. Budget nous impose une assurance soit 400$, sinon, on ne récupère pas la voiture. Pascale tente le tout pour le tout mais rien n’y fait. Après vérification sur Google, on comprend bien qu’ils sont bons pour arnaquer les touristes.
Il ne reste plus qu’à faire connaissance avec les routes de Jamaïque, bien pires que celles de tous les pays que nous venons de parcourir. Il faut trois heures pour parcourir cent-dix kilomètres sur cette route affreuse, pas large et pleine de trous. Pascal frôle les broussailles sur la gauche, car il faut rouler à gauche. Parfois, il doit se déplacer carrément sur la droite. Nous croisons beaucoup de chiens, des chèvres, des vaches.
Nous restons trois jours à nous reposer dans notre guesthouse à Treasure Beach. Il y a le soleil, la plage et le rhum. Nous profitons du coin tranquillement.
Comme partout dans la Caraïbe, la Jamaïque est synonyme de rhum alors nous visitons la plus grosse rhumerie de l’ile, l’Appleton Estate. Nous goûtons à la fibre de sucre de canne, au jus de sucre de canne et à la mélasse, écoutons le récit de la fabrication du rhum qui se termine dans le hangar de distillation. Bien sûr on ne repart pas sans quelques bouteilles.
Pascal est très attentif sur la route et Pascale plutôt stressée. Nous empruntons un tunnel de bambous, étonnant. Ce tronçon végétal est tout de même long de plus de quatre kilomètres.
Nous nous retrouvons pour deux jours à Belmont, chez Gideon, un pur rasta. Mais le logement ne ressemble pas tout à fait aux photos du site. On se dit « c’est quoi ça ? ». On manque de fuir mais on décide de rester. Gideon est adorable et on passe un bon moment chez lui. Il nous explique le rastafari, la nourriture Ital, son mode de vie et la construction depuis peut-être des années du logement. Heureusement que la chambre est propre. On joue aux dominos le soir, le divertissement local. Lui fume, et nous dégustons notre rhum. Gideon nous prépare des repas végétariens et on découvre l’ackee. C’est le fruit national de la Jamaïque dont la chair se cuisine en légume mais le reste est toxique.
Nous profitons de la mer et voyons le mausolée de Peter Tosh, figure emblématique du reggae jamaïcain. Nous le voyons depuis la grille car le site est fermé.
Nous poursuivons notre voyage le long de la côté sud jusqu’à Negril. Notre logement est sympathique, avec une piscine à débordement qui donne sur l’océan.
Negril c’est le coin touristique avec des échoppes de souvenirs. Au programme, la plage paradisiaque de l’ile, la Seven Miles Beach. Bon, seule l’eau est belle, la plage reste basique.
Puis nous allons visiter une plantation de marijuana qui est légalisée depuis 2015. Le mouvement rastafari est toujours très présent sur l’ile et ils considèrent la ganja comme une herbe sacrée qui permet à leur âme de s’élever. Mis à part ce côté spirituel, tout le monde fume ici, rastafari ou non, c’est dans leur culture.
On baigne dans le local au bar du Blue Hole où des joueurs disputent une partie acharnée de ludi, un jeu qui pourrait ressembler aux petits chevaux. Une Jamaïcaine nous fait goûter à un autre fruit le guinep (Quenettier en français), petites boules vertes en grappes. Ici, ce n’est pas la haute et bonne saison. Peu de touristes et beaucoup d’orages en fin de journée.
Notre hôte nous prépare le petit déjeuner local : la morue, ackee, bammies qui sont des beignets de cassave et de la banane plantain.
On teste aussi le jerk poulet, une autre spécialité jamaïcaine : un poulet mariné dans un mélange épicé et piquant et grillé et fumé au feu de bois. Le reste du temps, on mange ce qu’on n’a pu trouver dans une supérette de campagne, c’est-à-dire des pâtes, du riz et des haricots. On est étonné des prix, jusqu’à 10€ le kilo de tomates alors que la population jamaïcaine est pauvre. Comment arrivent-ils à vivre ?
Nous poursuivons vers Montego Bay. Nous nous arrêtons au sanctuaire d’oiseaux Rocklands. Les oiseaux sont en liberté, pas de volières. Ils sont simplement habitués à être nourris. Les stars sont les colibris, magnifiques.
Très peu d’intérêt dans cette ville de Montego Bay si ce n’est la sublime plage de Doctor’s cave beach. On s’habitue à ce que tout soit payant, 10$ par-ci, 20$ par-là, même les plages. C’est aussi un site de snorkeling : Pascale voit en plus des poissons plus habituels et des coraux, quatre raies : des stingrays comme appelées en anglais qui peuvent être venimeuses voir mortelles si on touche leur queue.
Pascale rêve depuis des années de nager dans un lagon bioluminescent. On trouve un hébergement à Falmouth sur la côte nord de l’ile pour accomplir ce rêve. Hallucinant quand nous remuons, nous sommes entourés de bleu. Pascal dit qu’on se croirait dans un film de science-fiction. Les mains sont entourées d’un halo bleu. Quelle superbe expérience. Ce n’est pas évident de prendre les photos, il faut juste imaginer que tout ce qui bouge dans l’eau devient bleu.
L’étape suivante est Ocho Rios et le site du blue hole. Sympa comme activité, on saute dans les vasques d’eau, on se balance. On profite.
Nous aimons manger dans les petites gargotes sur la route. Une fois qu’on explique que nous ne sommes pas des américains mais des voyageurs français, on y mange pour pas cher et c’est bon. Pourquoi spécifier que nous sommes français ? Pour ne pas se faire matraquer sur le prix.
Le dernier Airbnb en bord d’océan sera à Saint Margarets Bay, non loin de Port Antonio. C’est une cabane, tout ce qu’il y a de plus rustique mais nous sommes seuls, face à l’océan. On adore les couchers de soleil et un qui sera inoubliable entre nuages rouges, étoile filante, éclairs et lucioles.
On y restera cinq jours le temps de visiter Port Antonio. Nous n’irons pas plus loin à l’est, il y a bien une route mais ce n’est qu’un piste en mauvais état. On sent que la ville est loin du tourisme, c’est pauvre, sale, mais c’est vivant malgré tout et on aime bien.
Tout proche de Port Antonio, il y a le Blue Lagoon, comme il en existe des dizaines autour du monde. Celui-ci a la particularité d’être célèbre car quelques scènes du film du même nom avec Brooke Shield y ont été tournées. Ses couleurs sont merveilleuses et l’eau si fraiche.
On enchaine les plages du coin toutes plus ou moins paradisiaques : Winnifred, Frenchman Cove beach et à San San beach.
Le temps tourne et nous devons redescendre au sud de l’ile, à Kingston la capitale. La fin de notre périple approche. On se fait un dernier repas sur la route : curry de chèvre bien épicé et une queue de langouste avec des légumes locaux. On aime définitivement la Jamaïque.
Pour ne pas payer l’autoroute, on choisit une route parallèle. Elle est sans intérêt et tellement pourrie qu’on la quitte au plus vite après quelques dizaines de kilomètres pour rejoindre l’autoroute.
Kingston est une ville triste et à part un joli parc, le seul point que nous tenions à visiter est le musée de Bob Marley. C’est impressionnant comment il a influencé le pays et que sa présence est partout, plus de quarante après sa mort.
Kingston est une ville triste et à part un joli parc, le seul point que nous tenions à visiter est le musée de Bob Marley. C’est impressionnant comment il a influencé le pays et que sa présence est partout, plus de quarante après sa mort.
C’est l’heure de retourner en France, la tête plein de souvenirs de ce voyage. Ces quatorze mois sont passés à une vitesse incroyable. A peine rentrés, on commence déjà à penser au prochain grand voyage. On ne connait évidemment pas la date du futur départ mais ce qui est sûr, c’est que ça ne sera pas avec ce camping-car, probablement un véhicule 4X4.