Nous voici donc au 29 juillet, arrivés sur l’autre rive du Saint-Laurent aux Escoumins. On espérait profiter de la traversée pour voir quelques baleines mais la brume devient de plus épaisse et on ne verra donc rien.
Cela ne nous empêche pas d’aller au Cap-de-Bon-Désir aux Bergeronnes pour prendre les premières photos de rorquals, phoques et d’une baleine à bosse.
Après information auprès du centre d’interprétation et d’observation du Cap-de-bon-Désir, nous apprenons que tous les cétacés sont des baleines.  Les baleines se divisent en deux groupes.
- Les baleines à fanons tels petit rorqual, rorqual à bosse, baleine noire, rorqual commun et rorqual bleu. Ce dernier est la plus grosse créature de la terre qui peut atteindre 30m de long et peser jusque 120 tonnes.
- Les baleines à dents comme les dauphins, épaulards, marsouins, bélugas, cachalots. 
Parmi les cétacés, nous aurons vu petit rorqual, marsouin et rorqual à bosse. Mais toujours pas de béluga. 


Nous ne restons pas que statiques face aux cétacés, une petite rando d’une quinzaine de kilomètres au Cap de la Baie Sainte Marguerite permet de revenir avec une bouteille d’eau pleine de bleuets, le cousin de la myrtille. Ce fut un régal dans nos assiettes. C'est dans ce secteur que nous verrons nos premiers ours traverser la route. Avec la surprise et le temps de prendre l'appareil photo, nous n'aurons que les fesses du bébé, Maman ayant déjà détalé !


Nous nous sommes interrogés pour prendre un zodiac pour aller voir de plus près les baleines, les rorquals et surtout les bélugas mais les animaux en voie de disparition comme les bélugas ne peuvent pas être approchés à plus de 400m et les rorquals et baleines à 200m. Il apparait que ces animaux qui viennent dans le fjord du Saguenay pour se nourrir, sont de plus en plus dérangés par les bateaux de touristes qui ne respectent pas toujours la réglementation et ils se mettent à fuir cet endroit riche de nourriture. Le béluga est le seul cétacé résidant à l’année dans les eaux du Saint-Laurent, dans lesquelles il se nourrit, se reproduit et met bas. C’est une sorte de dauphin tout blanc, appelé aussi canari des mers du fait des cris qu’il émet. Cependant chassé jusqu’en 1950, il est en voie de disparition. En 1885, il y avait 7800 à 10000 individus et au début des années 2000, il n’en restait plus que 1100, en ce moment il y a environ 900.

Nous les voyons aussi bien du bord. Depuis, le belvédère de la baie de Sainte Marguerite, lors de notre randonnée, nous pouvons en observer des dizaines, c’est trop beau.

Nous restons même face au fjord une journée complète à la Pointe Noire où nous pouvons admirer rorquals et bélugas depuis la fenêtre de Dédé. Des dizaines et des dizaines passent devant nous. Un régal. Pascal immortalise un béluga avec son bébé tout gris. Il deviendra blanc à l’âge adulte.
Il faut bien quitter cet emplacement un jour. La lecture du site de nos amis Nat et Jean nous emmène le 3 août à la sucrerie de la montagne à Rigaud. C’est une cabane à sucre, c’est-à-dire un endroit où l’on produit le sirop d’érable. La propriété compte 2000 érables mais 1000 sont exploités. L’endroit est perdu, magique. Il est reconnu site du patrimoine du Québec. La sucrière est un peu l’apologie de son propriétaire Pierre Faucher qui est un personnage haut en couleur. Il y a même un livre qui nous est remis gracieusement. La plupart des sucreries propose des repas traditionnels. Nous goûtons trois plats, la soupe aux pois, le chili de bison et les saucisses glacées au sirop d’érable. Pas de dessert car la tarte au sucre est déjà dans notre frigo. Pascal est obligé de tester la bière à l’érable. Les saucisses glacées au sirop d’érable sont une tuerie, la sauce est tellement bonne que Pascale la mange à la cuillère. Elle est épicée, comme il se doit, et Pascale est obligée de boire un peu de bière à l’érable. Un topo sur la production du sirop d’érable nous permet de découvrir le processus de récupération de l’eau d’érable puis sa transformation en sirop d’érable. L’établissement indique qu’il est en manque de personnel. Ils sont dix et devraient être vingt. La situation est semblable au Canada et des panneaux « recherche employé » sont très souvent apposés sur les commerces. Après avoir testé le beurre d’érable, nous repartons avec un petit pot, quelques flacons de sirop d’érable et du sucre d’érable.
Le soir même, nous nous rendons à Ottawa, enfin plus précisément à Gatineau. Les deux villes sont séparées par la rivière des Outaouais (Ottawa en anglais). Ottawa est dans la province d’Ontario et Gatineau toujours au Québec. D’un côté, on parle anglais, de l’autre français. Un grand parking tranquille le long du fleuve Ottawa accueillera Dédé pour deux jours. Nous y rencontrons une famille française de Grenoble : Aude, Eric, Nolan, Aubin et Lucie (https://sourissonetlapindaire.wordpress.com). Nous passons d’agréables moments à échanger. Ils sont partis depuis un an et leur voyage va durer encore deux ans.
Nous étions réticents à visiter Ottawa : c’est encore une ville pleine de buildings, et même les Canadiens que nous avons croisés n’en font pas spécialement des éloges. Mais bon, on est sur sa route donc on s’arrête. Finalement, sa visite avec nos vélos en une journée nous ravit car même en plein centre-ville, il y a des pistes cyclables partout. La circulation est peu dense et on ne déplore même pas une chute de Pascal ! Nous passons par le marché Byward où nous testons les queues de castors : c’est un beignet allongé et plat, d’où son nom. Nous voyons aussi la basilique-cathédrale Notre-Dame, les chutes Rideau, le parlement, le château Laurier, la cour suprême, les écluses du canal Rideau. Quelques kilomètres de plus nous emmènent pour une petite balade le long de la rivière Ottawa. Un ensemble de sculptures de pierres sur et au bord de l’eau attire notre attention. Un écriteau indique : « Hommage aux enfants perdus. Bienvenue chez vous ». Nous y restons un bon moment à contempler ces pierres en forme d’ « enfants » sur une lumière de fin de journée, l’eau est d’un joli bleu et avec en fond des gratte-ciels de Ottawa. C’est un petit coup de cœur d’Ottawa. Le premier soir, nous assistons à un grand feu d’artifice. C’est notre troisième depuis notre arrivée. Le second soir, un son et lumière sur le parlement explique l’histoire du Canada.
Après ces deux journées, nous disons au revoir à nos voisins de parking, quittons Ottawa pour prendre la direction de la frontière des Etats Unis que nous pensons attendre le lendemain.

Quand Pascal doit se résoudre à laisser le volant, une grosse fumée se dégage du pot d’échappement et Dédé perd de la puissance. Nous sortons vite de l’autoroute et repérons un garage Ford à 6km. Il est 16h50 quand nous arrivons. Il ferme à 17h. C’est vendredi. Mais les mécanos nous font le diagnostic vite fait, en branchant la valise : la vanne EGR que nous avons changée il y a 3 ans est HS. Il nous faut attendre tout le week-end sur le parking plutôt sympa, en lisière de forêt. On verra même un coyote passer non loin de nous.

 Lundi, le garage ne trouve pas la pièce, ni au Canada, ni aux USA. En fait, ils n’ont même pas la référence ! Les Ford Transit en Amérique sont essentiellement des véhicules essence et non diesel. Pascal tente avec des copains en France et en Allemagne de trouver la référence mais rien n’est très sûr et les délais d’acheminement incertains. Le garage Ford de Vitrolles nous commande la pièce : un grand merci à lui. Notre amie Delphine effectue l’envoi par UPS et en 48h, nous avons la vanne. Tout se passe bien mais nous serons restés une semaine sur le parking du garage Ford dans un certain stress et au milieu du bruit. Dès le lundi matin, ils nous ont tractés car nous ne pouvions plus bouger et nous nous retrouvons devant les portes des ateliers. Sur le parking où nous étions, c’est pelleteuse et gros camions, dès 6h00 du matin, tous les jours. Quant au garage par lui-même, c’est bruit dès 7h et jusqu’à minuit. Les grasses matinées ne sont pas pour nous. Heureusement nous passons deux jours avec Aude et Eric et leurs enfants qui nous ont rejoints. Nous revisitons la ville et faisons des musées et passons de bonnes soirées autour de verres de rhum de Marie Galante. Dans un musée, nous croiserons une autre famille, les Odyssée et ses 5 aventuriers : Marie-Caroline, Guillaume, Maxence, Robinson et Raphaël. Cela fait un an qu’ils parcourent l’Amérique du Nord et Centrale, et ils remontent à Montréal pour s’y installer un an. 
C’est avec un grand bonheur que nous reprenons la route, que nous retrouvons les bivouacs sauvages et calmes.  Le 13 août, nous prévoyons de traverser la frontière des Etats Unis.